La shahadat, profession de foi en la “réalité unique et infinie”
Dans l’ouvrage Les cinq piliers de l’Islam, l’auteur Abdennour Bidar nous livre sa version ésotérique de ces différents devoirs du musulman.
J’ai particulièrement apprécié sa description du premier, la Shaddath, ou profession de foi.
En effet, suite à la lecture notamment de la Baghavad-Gita, je suis devenu très sensible à l’idée que nous sommes un tout qui se découvre et se conscientise à travers nous, la vie.
Pour moi l’interprétation d’Abdennour s’aligne complétement sur cette compréhension du monde.
Extraits
“On pourra s’étonner que je traduise la première formule du témoignage par “il n’y a de Réalite que Allah” […]. On le traduit d’ordinaire par “Il n’y a de divinité que Allah””.
“[…] Le Coran nous apprend que le nom de Allah est le nom que se donne cette réalité ultime — Réalité Une et Inifinie qui englobe le non-être au-delà de l’être et tout ce qui est dans l’$etre, et qui, dpassant infinement tout ce qui est, crée tout ce qui est comme s’il s’agissait de choses autres qu’elle-même, et situéaes en dehors d’elle-même, alors qu’elle est elle-même au coeur de tout ce qui est et qu’elle en constitue la seule réalité.”
“’Abd al Wahid Yahya (1886-1951) précise au sujet d’Allah que “rien de ce qui est ne saurait être hors de Lui, et en Lui seule est contenue toute la réalité, parce qu’il est Lui-Même la R2alité absolue, la Vérité totale”.”
“Dès lors, voilà selon l’islam la vocation essentielle et très simple de chaque être humain : sortir de l’ignorance ou de l’illusion au sujet de la réalité, pour la reconnaître enfin telle qu’elle est [Une et Infinie].”
Pour Réalité Une je suis d’accord sans condition, mais pour l’infini je me demande ce qu’il est car, même si le nombre dépasse l’entendement, je pense qu’avec un nombre fini de particules primordiales il ne peut y avoir qu’un nombre (exponentiellement inimaginable) de possibles, mais passons.
→ Là je vois un lien fort avec la notion bouddhiste de dissipation des illusions : la réalité, juste est.
“Ainsi, Mohammed est l’être humain qui voit la présence d’Allah mais qui l’exprime aussi par ce qu’il est, en étant simplement ce qu’il est.”
→ Ici un autre lien, plutôt avec la notion taoïste d’ordre naturel. L’humain accompli est d’une nature parfaitement alignée avec la Tao, la Source, Allah.
Sur la Shahadat en tant que telle
La profession de foi est donc cette phrase qu’un musulman se doit de répéter en son for intérieur, ou à des occasions spéciales.
Mais finalement, n'importe quel spiritualiste ayant déjà progressé dans la dispersion des formes pourrait la comprendre et tirer parti de sa formulation.
L’objectif de la répétition est de “transcender (sublimer) notre ego jusqu'à ça qu'il soit capable de la vision d'Allah, parce qu'après la Shahdat aura fait descendre Allah de notre langue à notre cœur au point que c'est lui-même […] qui témoignera de lui-même part notre ego transfiguré.”
“[…] le témoignage authentique dans lequel Allah a remplacé le regard de l’ego par Son Regard. D’bord objet de l’invocation, il se révèle alors comme sons sujet, son auteur.”
“Ce n’est pas l’ego qui voit Allah, c’est Allah qui voit l’ego” …
Suivi d’un tips légendaire :
“les deux vertus de la Shahadat : elle initie à la vision en ouvrant l'oeil du coeur à la contemplation d'Allah; d'autre part elle nous transforme au sens où elle nous fait passer au-delà de toute forme vers la Réalité Une et Infinie.”
Sur Mohammed
Abdennour propose ici une desambiguation que le prophète de l'islam.
“Ainsi n'a ton plus affaire aujourd'hui qu'à deux vision réductrices du prophète : l'image standard de la religion, idéaliste et moralisateur, et l'image profane qui en voulant humaniser banalise. Or non, rien dans tout cela ne fait justice au modèle spirituel que sur le prophète”.
“Ce terme Rassoul (prophète) nous renvoie à ce degré spirituel le plus élevé […] comme celui de témoin parfait d'Allah.”
Retour au Un
“Concentration maximale dans chaque exercice spirituel et consécration optimale de sa vie tout entière […] Cet effort de tension perpétuel est ce qu'on nomme en islam le dhikr, terme qui signifie “souvenir”.”
“il s'agit en effet bien de se souvenir de l’Un seul réel, au sens où le partage par cette vie terrestre commence généralement par son oubli.”
“chacun des piliers de l'islam est une forme de dhikr, c'est-à-dire un moyen supplémentaire de se souvenir ou de se réveiller du sommeil de l'illusion.”
“N’hésitez pas à chercher [… le contenu] dont votre dhikr a besoin.”