Le bébé est un mammifère
Écrit par le docteur Michel Odent, le livre Le bébé est un mammifère nous présente les mécanismes naturels à l’œuvre notamment lors des dernières heures de grossesses, et comment susciter un environnement favorable à l’accouchement.
Indice : les maternités ne l’enchantent pas, mais alors pas du tout.
Entre citations et notes, j’espère ne pas déformer son propos.
Un processus naturel
Comme on peut déjà en saisir l’essence dans La naissance en BD de Lucile Gomez, toutes les femmes (corps féminin) sont livrées avec le nécessaire pour accoucher.
Bien qu’il y puisse ponctuellement se produire des problèmes lors de l’accouchement (principalement si le besoin de césarienne apparaît), le docteur Odent suggère qu’il y a tout intérêt à laisser la femme seule lors de la phase d’expulsion (j’en reparle après au sujet du besoin critique d’intimité).
Ce processus serait piloté de façon autonome depuis la nuit des temps [des mammifères] par le cerveau archaïque (en opposition avec le néo-cortex, siège de la conscience analytique et du langage).
Au moment où le bébé est sur le point de sortir, la maman devrait se laisser aller dans ce mode automatique pour laisser son corps faire.
C’est ce le Dr Odent appelle : partir sur une autre planète.
En tant que psychonaute à zizi, je ne peux que être frustré de ne pouvoir vivre cette expérience psychédélique dans cette existence 😿
Pour lui, toute intervention, notamment verbale, pourrait distraire la future maman et rendre l’accouchement plus long et douloureux.
Une femme à qui on n’aurait pas sapé la confiance en ses capacités d’animal peut, dans la grande majorité des cas, accoucher par elle-même.
Nid et besoin d’intimité
“[…] pour libérer le flot hormonal de l’accouchement, une femme a besoin de se sentir en sécurité, sans se sentir observée.”
Visiblement, l’environnement idéal pour accoucher serait une petite pièce, chaude (suffisamment pour que le nouveau-né n’ait pas froid à sa sortie), silencieuse, plongée dans la pénombre, si possible avec le moins de personne autour (surtout personne qui parle) et un peu de désordre (pour rendre plus naturelle l’ambiance).
“La durée d’un accouchement est proportionnelle au nombre de personnes dans la pièce.”
Tous les mammifères semblent avoir cet instinct, à l’approche de la naissance, de créer un nid discret et rassurant.
Il faudrait également penser à avoir des supports pour que la femme puisse se suspendre par les bras, une des positions spontanées d’accouchement (ainsi qu’à quatre pattes, ou debout appuyée à un mur).
Enfin, après que le bébé soit sorti, cet environnement apaisant favorise pour la maman la génération de prolactine (hormone de lactation) et pour l’enfant sa capacité naturelle à trouver le sein.
Le but est de favoriser la génération d’ocytocine (pas clair sur ces effets, mais défini comme “l’hormone de l’accouchement”, du bonheur, de l’altruisme et de l’oubli de soi).
Le colostrum, élixir de vie ?
Après la naissance, le premier lait généré par la maman est nommé colostrum.
Visiblement, de nombreuses cultures ont banni ce liquide spécial considéré comme “impur”.
Pourtant, c’est un concentré d’anticorps censé ensemencé le système digestif du nouveau-né.
Sous l’effet de la prolactine, hormone présent chez la femme qui allaite (et spécialement générée après la douleur de l’accouchement, ainsi que lorsque la maman croise le regard du nouveau né), on note les changements de caractère suivants :
- Défense agressive,
- Réduction de la libido,
- État de subordination (aux besoins du bébé),
- Anxiété (vigilance, sommeil peu profond).
Pour la composition du lait, on conseille d’éviter les gras dangereux (pas clair ?) et de veiller à ne pas perdre trop de poids car cela pourrait libérer un surplus d’acides gras ainsi que d’éventuelles substances stockées dans les graisses.
La sage-femme traditionnelle du futur
Comme mentionné précédemment, le moins d’humains autour de la maman signifie le moins d’occasions propices à utiliser le néo-cortex, et donc à favoriser l’accouchement.
La sage-femme idéale devrait être la moins intrusive possible, donc “rester dans un coin à lire le journal”, n’intervenant qu’en cas de soucis.
L’auteur prend l’exemple de “simples” mères ayant une expérience positive de l’accouchement, capable d’empathie et de rassurer la maman, mais pas forcément plus.
La sage-femme pourrait, au moment de l’accouchement, simplement avoir la fonction de protéger la maman de toute visite impromptue (notamment de la part des hommes, et, traditionnellement, de leurs attentes).
Réflexe d’expulsion
Un dernier sujet abordé est le réflexe d’expulsion.
Quand l’adrénaline peut inhiber l’accouchement et le remettre à plus tard (danger, capacité à stopper l’accouchement pour se mettre à l’abri), passé un moment elle peut également permettre d’y mettre un terme très rapidement.
Dans tous les cas, le moment où le bébé sort est accompagné d’une forte libération de cette hormone afin de faciliter la dépense énorme en énergie musculaire requise.
Le réflexe d’expulsion se produit soit lorsque la future maman est surprise, ou que son environnement change assez brutalement (exemple de la maman dans la piscine chaude qui demande à sortir).
C’est un stress physiologique qui déclenche 2 ou 3 fortes contractions.
Il parle d’une tribu amérindienne où, si la maman tarde à libérer le bébé, on envoie des enfants faire un tapage à proximité de la hutte où se trouve la femme en travail.